La journée d’Ashray avait commencée normalement, sans prise de tête. Petit déjeuner, sport, douche et puis, direction le S.P.A. L’endroit était parfait, rien que le décor était très reposant. En plus, c’était sa masseuse préférée qui était là rien que pour lui. Rien à dire, c’était le paradis. Pendant près d’une heure il la laissa travailler et, en bon client, la complimenta à la fin. Bon, maintenant il était onze heures. Peut-être l’heure de savourer un délicieux repas au restaurant, oh peut-être plus tard. Ashray choisit donc de s’installer à l’ombre d’une terrasse près des différents courts de tennis. Il demanda un apéritif et croisa les bras derrière la tête avant de fermer les yeux. Là, c’était vraiment parfait. La température était plaisante, la petite brise fraiche qui lui chatouillait le visage était la bienvenue et, l’ambiance sonore était discrète sans être gênante. Résultat, Ashray ne tarda pas à plonger dans le sommeil, rêvant de gloire, de conquêtes féminines dont les formes étaient promesse de volupté et dont les lèvres aspiraient aux baisers les plus passionnés.

Malheureusement pour lui, les différentes créatures de charmes imaginaires autour de lui ne tardèrent pas à disparaître et le retour à la réalité ne fut guère plaisant. Des hurlements d’indignation l’avaient réveillé. Il tourna la tête vers l’origine des cris et remarqua une jeune femme assez jolie. Il baissa ses lunettes de soleil pour mieux l’observer hurler sur un employé. Il n’allait pas la blâmer. Si elle était forcée de crier c’était que cet idiot n’avait pas fait son travail correctement. De toute façon avec Ashray, c’était toujours la faute de l’employé. La criarde vociféra qu’elle allait écraser ce pauvre homme comme un insecte et qu’il finirait SDF. A une dizaine de mètres à droite, le gérant du SPA, un homme petit aux traits disgracieux accourait pour calmer la situation. Un sourire étira les lèvres d’Ashray, il risquait de vite devenir la cible de la furie brune qui d’ailleurs, lui disait quelque chose. Par contre, il était trop loin pour savoir qui. Le spectacle était véritablement divertissant et il était temps pour l’acteur principal, c’est-à-dire lui, de faire son entrée en scène. Ashray se leva et s’approcha, délaissant sa table et son apéritif qu’il n’avait même pas encore touché.

En s’approchant, il reconnut la chahuteuse, Megan Smith-Woodraw, la femme d’un éminent homme d’affaire. C’était vraiment l’occasion rêvée pour se faire bien voir. Sa présence attira les regards et le patron le salua et demanda s’il pouvait l’aider.


« Oui, je le crois. Si vous arrêtiez d’engager des gens incompétents, peut-être que vous ne frustreriez plus vos importants clients. C’est véritablement une honte pour un établissement comme le vôtre de pousser madame Smith-Woodraw à s’énerver alors que son but premier en venant ici était bien de se détendre. »


« Je pense que ce n’est qu’un simple malentendu. » répondit le gérant pour essayer d’arranger les choses.


« Oui, effectivement, je pense que nous nous sommes mal compris. Par l’affront que vous faîte à cette femme en essayant de défendre vôtre employé fautif, vous ne faîtes qu’abuser de son temps précieux et de sa patience. De plus, vous abusez du mien également. »


« Très bien, très bien. Permettez-moi de vous offrir à chacun la gratuité des services proposés dans tout l’établissement pendant un mois pour réparer cette faute. »


« C’est un minimum », répondit Ashray dédaigneux.


Néanmoins, l’affaire fut réglée et le prof de tennis s’en alla après que le gérant eut annoncé qu’un autre le remplacerait d’ici quelques minutes. Il prit à son tour congé laissant les deux richissimes seuls. Le jeune Snyder se tourna ainsi vers la criarde, en espérant qu’elle ne hurle pas qu’elle n’avait pas eu besoin de son aide. Il inclina la tête légèrement en signe d’un respect qui malheureusement, n’était que de façade.


« Je suis véritablement honoré de vous rencontrer madame Smith-Woodraw. Permettez-moi de me présenter, Ashray Alexander Snyder, pour vous servir. Puis-je vous offrir un verre avant que votre prochain partenaire de tennis, que j’espère plus compétant, n’arrive ? »